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TECHNIQUES DE CONSTRUCTION

L'art et la manière de faire des brigandines

La brigandine est au confluent de deux techniques : celle du tissu et celle du métal. L'artisan doit pouvoir confectionner une sorte de pourpoint sans manches, puis de l'habiller adroitement de lames d'acier afin d'en faire un vêtement défensif. L'assemblage est effectué par des clous et les motifs laissés par leur tête sur la couche extérieure variera dans le temps, peut-être au gré de la mode, sûrement afin d'en améliorer l'efficacité. La popularité de ces habillements de guerre obligera le pouvoir à légiférer afin de garantir la qualité des fabrications et la vie des combattants.

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EFFECTUER UN RELEVÉ DES LAMES

L'analyse et l'observation des vestiges anciens nous enseignent les formes et les conceptions utilisées ; la brigandine a connu plusieurs modes dans les 150 ans de son utilisation. La recherche des détails, tant sur la couture des diverses pièces, que sur la forme des lames d'acier, permet de capter l'esprit de ces protections.

UN VÊTEMENT AJUSTÉ

La brigandine ouverte sur le devant ne s'adapte pas à toutes les morphologies. Bien qu'une latitude existe, elle doit être fabriquée sur mesure. Des individus de corpulence similaire pouvaient porter une brigandine faite pour un autre, mais elle ne pouvait équiper correctement des individus dissemblables.

PAPIER CISEAUX

Les lames se chevauchent entre elles : c'est la clé d'une bonne protection. Ce "tuilage" permet aussi de garder un vêtement flexible. Quelques règles simples à observer permettent d'arriver au bon résultat. Durant la conception, je fais usage de patrons en papier, permettant de positionner les clous et de dessiner des motifs parfaits. Il est impensable que nos aïeux aient fait de même : le bois remplaçait-il le papier dans cette phase ?

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PRÉPARER LES TISSUS

Le mobilier archéologique a beaucoup souffert : laissé à l'abandon, mal conservé, ce sont les tissus qui ont le plus souffert. Les outrages de la guerre ont aussi dû poser leur marque : réparations, destructions... Il est parfois difficile de voir exactement comment étaient coupés les pans de tissus. Le vêtement civil (pourpoint) peut donner une bonne indication, sans toutefois répondre à toutes les questions.

ACIER

Les lames d'acier offriront un rempart efficace contre les traits et les armes de choc. Leurs tailles petites et leurs formes longilignes en font des pièces plus faciles à obtenir que les grandes plates nécessaires aux harnois "blancs".

BIEN LIMÉES ET ÉTAMÉES

Les lames d'acier sont soigneusement limées pour qu'elles ne blessent pas le tissu, les angles vifs rabattus. Bien que son port soit plutôt aisé en comparaison d'autres plastrons, le combattant avait chaud avec cet équipement et sa transpiration aurait tôt fait de gâter l'acier qui la composait. Une pellicule d'étain protégeait les lames pour en réduire l'effet.

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DESSUS-DESSOUS

La lame posée en verso du pourpoint doit être positionnée avec précision. A l'aide d'un poinçon, je repère l'endroit où il faudra piquer le clou à l'endroit de l'ouvrage. Je veille à ce que le tissu soit tendu, sans excès, et qu'il n'y ait pas de plis.

PASSAGE DE CLOU

Le clou est passé ; on parle bien de clous dans ce métier, un rivet a beaucoup plus de mal à traverser les tissus et le perçage de la lame.

RIVETAGE

Enfin, on coupe la pointe du clou, généralement trop long pour être riveté complètement. Je procède au matage de la tige du clou sur une petite enclume, en veillent à ne pas trop le serrer, pour ne pas détruire les fibres des textiles sous la pression.

ORGANISATION DU TRAVAIL

Monter une lame sur un pourpoint ouvert est très facile au début, mais au fur et à mesure de l'avancement, c'est de moins en moins évident. L'ensemble devient lourd, et les manipulations ont tendance à user prématurément les assemblages et les tissus, car on lui fait prendre des postures plus contraignantes que dans son usage normal. Travailler dans ces conditions est malaisé et lent ; le positionnement des lames est aussi moins précis, le tissu étant flexible. Il m'est venu l'idée de brider l'ouvrage sur un cadre, à la manière d'autres métiers de l'époque.

(Fritz, un parcheminier de Nuremberg.

Vers 1450. Stadtbibliotek, Nuremberg Copyright AKG-image.)

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CHEVAUCHEMENT

La protection est garantie par un ingénieux montage en chevauchement. Sur ce schéma, nous trouvons la conception utilisée de la ceinture juqu'en bas. On commence le montage par les plaques du bas, ligne par ligne, en remontant.

INVERSION

Au dessus de la ceinture, le chevauchement est réalisée à l'opposé en commençant en haut et en descendant, toujours ligne par ligne. Cette méthode est très largement utilisée quelque soit le modèle. C'est en respectant celle-ci que l'on obtient un haut de niveau de protection et de souplesse, sans mettre les tissus à l'épreuve de trop de tension.

UNE LIGNE

Vue de dessus, le chevauchement latéral va suivre le même principe. Ici le schéma montre la colonne dorsale médiane, où le chevauchement s'alterne . La dimension "a" n'est pas standard : trop courte, elle risque de laisser passer une attaque en estoc, trop large alourdit le vêtement.

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